Linda Fali-Bouali nous explique qu'elle est accompagnée, lors de ces réunions, par un médecin, une gynécologue ou une infirmière, les duos étant formés en fonction des disponibilités de chacun.
Bien que l’accompagnement des femmes après une IVG soit essentiel, il manquait jusqu'ici un espace spécifique pour libérer cette parole. En entretien individuel, de nombreuses femmes mentionnent spontanément leur IVG, laissant entrevoir un besoin de revenir sur cet épisode pour pouvoir l’intégrer émotionnellement. Parfois, elles évoquent des expériences négatives avec le personnel de santé ou des sentiments d’ambiguïté face à leur décision, sans trouver d’endroit pour en parler. L’existence de ce groupe vient donc, nous explique Linda, répondre à une demande, permettant aux participantes de se retrouver entre pairs et de libérer leurs émotions avec des personnes qui comprennent ce qu’elles ont vécu.
Les groupes de parole se tiennent le premier lundi soir de chaque mois. Les femmes intéressées peuvent s’y inscrire par e-mail (groupe.ivg@) ou lors de leurs consultations au centre. ville-issy.fr
Linda Fali-Bouali mentionne que la confidentialité est au cœur de la méthodologie. Ce qui est partagé dans le groupe y reste, créant ainsi un espace intime où chacune peut s’exprimer en sécurité. Les animatrices ne se positionnent pas comme des expertes, mais plutôt comme des accompagnantes qui écoutent et sécurisent les échanges en intervenant de façon ponctuelle pour relancer la discussion autour de mots-clés et de réflexions que les participantes expriment. Linda précise que l’objectif principal reste de « déposer sa parole » et de travailler autour des émotions. Ici, ce ne sont pas les outils techniques qui importent mais la qualité de l’écoute et du soutien mutuel. Si une participante exprime un besoin de soutien individuel, Linda est disponible pour des consultations en dehors du groupe, ou pour réorienter vers d’autres professionnels de santé.
Les retours des participantes témoignent déjà de l’impact positif du groupe de parole. Linda confie que plusieurs femmes ont exprimé leur soulagement d’avoir pu se livrer sans jugement, une expérience qui se révèle assez rare. En effet, elles ont pu faire face à des réactions d’incompréhension, des réactions négatives ou une absence d’écoute lorsqu’elles ont tenté de se confier auparavant. Cette difficulté à trouver un espace d’écoute bienveillant est significative d’une forme de tabou qui persiste autour de ce sujet, malgré les progrès accomplis et la constitutionnalisation de l’IVG en France. Le Planning Familial estime que 130 centres qui pratiquent l’IVG ont fermé ces quinze dernières années, un chiffre inquiétant qui menace l’accès des femmes à ce droit fondamental.
Futur en Main tient à remercier chaleureusement Linda Fali-Bouali et son équipe pour le temps consacré à répondre à nos questions.